Faraway Downs | Série TV

Quinze ans après la sortie en salles du film Australia, son réalisateur Baz Luhrmann le revisite en mini-série de six épisodes, intitulée Faraway Downs. Le long-métrage et la nouvelle mouture télévisuelle de cette épopée épique sont disponibles sur Disney+.

UNE SAGA ROMANESQUE AU PAYS DES KANGOUROUS

Portée par Nicole Kidman et Hugh Jackman, accompagnés par le jeune Brandon Walters, l'histoire débute à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale. Lady Sarah Ashley quitte l'Angleterre pour se rendre à l'autre bout du monde afin de confondre son mari infidèle, obtenir le divorce et sa part de l'argent issu de la vente de leur domaine implanté en Australie : un ranch d'élevage de bétail qui s'étend sur un million d'hectares dans l'Outback, baptisé Faraway Downs. Arrivée dans ce pays où elle n'a jamais mis les pieds, elle est escortée jusqu'à la propriété par un conducteur de bétail plutôt rustre, surnommé Drover, envoyé par son époux puis elle fait la rencontre d'un jeune garçon aborigène, Nullah. L'histoire est racontée à travers les yeux de l'enfant.

UNE LEÇON D'HISTOIRE

L'intrigue ne manque pas de rebondissements et la fiction est remarquablement servie par les superbes étendues sauvages de l'Australie. En tête d'affiche, Nicole Kidman (Lady Ashley) et Hugh Jackman (Drover) partagent une alchimie indiscutable à l'écran à la façon du couple Meryl Streep et Robert Redford dans le film Out of Africa (1985). Le jeune Brandon Walters se positionne au coeur de l'histoire, il est le point de rattachement des différents fils tendus dans ce récit qui est bien plus profond qu'une simple aventure romanesque.

Au-delà des enjeux financiers et des rivalités, la fiction aborde aussi sans détour et avec beaucoup de justesse et de sensibilité les « Générations volées », un terme qui désigne des enfants métis, nés le plus souvent d'un père blanc et d'une mère aborigène, enlevés de force à leurs parents pour être placés dans des orphelinats ou des missions chrétiennes. Cette politique draconienne d'assimilation du gouvernement australien a été officiellement abandonnée dans le territoire du nord seulement en 1973. En 2008, année de sortie du film Australia, le premier ministre de l'Australie a présenté des excuses officielles aux membres de ces générations volées.

UNE DISTRIBUTION AUSTRALIENNE DE PREMIER CHOIX

Nicole Kidman (Big Little Lies, Special Ops : Lioness, Expats), Hugh Jackman (The Son, Deadpool & Wolverine) et Brandon Walters (Mystery Road) sont entourés d'une pléiade d'autres artistes australiens. David Gulpilil (Crocodile Dundee, The Leftovers) apporte la culture et la magie aborigène de King George, le grand-père de Nullah. David Wenham (Le Seigneur des Anneaux : Les deux Tours, L'Écuyer du Roi, Iron Fist) incarne Neil Fletcher, le bras droit sans scrupules de King Carney, puissant propriétaire terrain et éleveur concurrent joué par Bryan Brown (Bloom). Ben Mendelsohn (Captain Marvel, Secret Invasion, The New Look) revêt l'uniforme du Capitaine Emmett Dutton, tandis que David Ngoombujarra (Crocodile Dundee II, Parallax, The Circuit) joue le fidèle ami de Drover.

UN CHANGEMENT DE FORMAT BÉNÉFIQUE

Le début de Faraway Downs peut être déroutant. Les premiers pas de la très aristocratique british lady au pays des kangourous sont évidemment maladroits. Ils sont traités sur le ton de la comédie, ce qui peut étonner. L'effet de surprise passé, c'est une façon plutôt sympathique d'entrer en matière et c'est même particulièrement habile pour marquer le parcours de la jeune femme dont la vie va changer radicalement, passant de la futilité des salons anglais à une existence exigeante de responsable d'exploitation et de mère, qui doit naviguer dans ce pays rude et inconnu au milieu des manoeuvres visant à la faire échouer, jusqu'à l'amener aux heures sombres de la Seconde Guerre Mondiale.

Le réalisateur australien Baz Luhrmann (Roméo + Juliette, Gatsby le Magnifique, Moulin Rouge, Elvis) a expliqué avoir eu envie de remonter Australia pour inclure les plus de 600 km de film tournés, mais restés inutilisés, ajoutant avoir été motivé par « la façon dont la narration épisodique a été revigorée par le monde du streaming ». Le film n'a pas enthousiasmé le public, ni la critique, lors de sa sortie en salles. Cet accueil mitigé tient peut-être dans les presque trois heures nécessaires pour voir, immobile dans son fauteuil de cinéma, une saga romanesque et dépaysante dans une période où des productions en mettaient plein les yeux en misant sur les effets spéciaux et autres scènes d'action. Le format sériel apporte un découpage soigneux et réfléchi avec six épisodes qui durent entre 30 et 50 minutes et qui permettent de mieux apprécier cet ambitieux voyage, à son rythme, en bénéficiant d'un contenu étoffé inédit. 

Concernant les toutes dernières minutes, Baz Luhrmann avait envisagé deux fins possibles pour Australia. Le long métrage offrait une conclusion aux spectateurs en 2008 et la mini-série Faraways Down en apporte une autre en 2023. Personnellement, je préfère celle du film.

Sublimée par son changement de format, l'épopée historique et romanesque Faraway Downs a tout pour séduire les amateurs du genre.